Addenda 1 - ALTÉRATION DE L'IDENTITÉ SEXUELLE

 



« Selon les normes sociales, l’homme devrait être invulnérable, émotionnellement stoïque, fort et actif, en opposition aux caractéristiques attribuées aux femmes : vulnérables, passives et dépendantes (Welzer-Lang, 2002). Or, l’expérience de vulnérabilité et le vécu de peur dans l’abus contreviennent au système de représentation de la virilité et contraignent le garçon à une position féminine. Cette situation de passivation traumatique peut entraver la possibilité du jeu de la bisexualité psychique et conduire au refus de la position féminine-passive. Le concept de bisexualité psychique a été développé par Freud (1932) dans une conférence consacrée à la féminité pour souligner le fait que, chez tout individu, on retrouve des motions pulsionnelles masculines-actives et féminines-passives et que, s’il est possible de séparer sur le plan anatomique le masculin du féminin, il n’en va pas de même sur le plan psychique. (…) Le refus du passif signifie en quelque sorte le rejet de la position de victime. Reconnaître que l’on a été victime signifie admettre l’effet de l’autre sur soi, reconnaître que l’on a été passivement modifié par autrui. Or, la personne abusée éprouve souvent le sentiment d’avoir participé activement à l’abus sexuel, d’où un sentiment de culpabilité ou de honte, et une difficulté à se sentir victime et à demander de l’aide. En étant persuadé d’avoir provoqué l’abus ou d’y avoir contribué, la personne victime en prend la responsabilité. Ce faisant, elle protège inconsciemment l’auteur de l’abus et elle-même, s’empêchant de se reconnaître dans une position passive de victime et refusant de reconnaître les marques de l’auteur sur soi. La conviction d’avoir participé activement à l’abus peut conduire à un retournement de l’activité sur la personne propre, donnant lieu à des pensées et des comportements autodévastateurs, comme une sorte de punition (Chabert, 2003).

On le voit plus haut, selon ce qu’il en dit, l’identité sexuelle (…) est remise en cause par les abus sexuels subis dans son enfance. La conséquence immédiate en est un doute qui se focalise sur sa position sexuelle psychique (Abelhauser, 2002) à tel point qu’il est incapable d’affirmer s’il a une orientation homosexuelle ou hétérosexuelle. (…) Des doutes présents ou passés similaires ont pu être retrouvés chez d’autres participants. Il y a donc bien une atteinte à la construction de l’identité sexuelle de ces hommes.

(…) À notre sens, l’abus sexuel vient mettre en cause de façon violente la construction de l’identité sexuelle de l’individu. Chez les hommes, cette atteinte est particulièrement marquée du fait de la prévalence des abus homosexuels. »

Mots-clés: Victime d'agression sexuelle 

Suite: https://histoiredelahonte.blogspot.com/2024/07/addenda-2-sequelles-psychotraumatiques.html


Source: Les hommes victimes d'abus sexuels dans l'enfance, Dynamique psychique et groupe, https://www.erudit.org/fr/revues/crimino/2013-v46-n1-crimino0551/1015300ar/

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