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DÉNI DE LA VIOLENCE SEXUELLE SUR LES GARÇONS

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Source de l'image: https://association-cvm.org/informer/reperer-les-violences-sexuelles/c-est-quoi-les-violences-sexuelles Il fut un temps, longtemps, où la violence sexuelle sur de jeunes garçons n’existait tout simplement pas au regard de la loi, et donc, fatalement, au regard de la société qui le couvait. Nul doute que cet aveuglement, alors que le phénomène était pourtant important, a laissé des traces jusqu’à nos jours, dans un déni qui perdure, chez les victimes tout autant que dans le mental collectif.   « La dénonciation médiatique et littéraire des frères enseignants a un corollaire : avec elle le public découvre que les fillettes ne sont pas les seules victimes des attentats à la pudeur. Même si la loi interdit de considérer le viol des garçons , les lecteurs de la presse apprennent à se familiariser avec la réalité de l’attentat homosexuel. Car 77 % des victimes que donne à voir la scène judiciaire au XIXe siècle sont des filles et ce sont encore principalement des fille

Addenda 2 - SÉQUELLES PSYCHOTRAUMATIQUES

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Artiste: Josée Hatin (http://www.jhatinartistepeintre.ca) En 2011, j’ai appris, suite à une IRM, que les agressions sexuelles violentes que j’ai subies en bas âge avaient laissé leur marque au cerveau, une «lésion» frontale s’apparentant à une lésion épileptique. La docteure qui avait demandé le test n’était pas surprise du tout. C’était tout nouveau pour moi. L’extrait de l’article que je publie ici confirme ce type de séquelles et les conséquences possiblement sérieuses qu’elles entrainent. « Les troubles psychotraumatiques sont des conséquences normales et universelles des violences qui s'expliquent par la mise en place de mécanismes neuro-biologiques et psychiques de survie face à un stress extrême, à l'origine d'une mémoire traumatique (McFarlane, 2010). Les atteintes spécifiques, très bien documentées actuellement, sont non seulement psychologiques, mais également neurologiques avec des dysfonctionnements importants des circuits émotionnels et de la mémoire. Elles la

Addenda 1 - ALTÉRATION DE L'IDENTITÉ SEXUELLE

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  « Selon les normes sociales, l’homme devrait être invulnérable, émotionnellement stoïque, fort et actif, en opposition aux caractéristiques attribuées aux femmes : vulnérables, passives et dépendantes (Welzer-Lang, 2002). Or, l’expérience de vulnérabilité et le vécu de peur dans l’abus contreviennent au système de représentation de la virilité et contraignent le garçon à une position féminine. Cette situation de passivation traumatique peut entraver la possibilité du jeu de la bisexualité psychique et conduire au refus de la position féminine-passive. Le concept de bisexualité psychique a été développé par Freud (1932) dans une conférence consacrée à la féminité pour souligner le fait que, chez tout individu, on retrouve des motions pulsionnelles masculines-actives et féminines-passives et que, s’il est possible de séparer sur le plan anatomique le masculin du féminin, il n’en va pas de même sur le plan psychique. (…) Le refus du passif signifie en quelque sorte le rejet de la positi

RÉFLEXION: POUVAIT-ON ÉDITER CE RÉCIT ?

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Ce presque roman est en fait un récit autobiographique écrit à la manière d'un historien (ce que je suis de formation), récit qui colle aux sources, au mot-à-mot de ce que j'ai noté pendant de nombreuses années de thérapie et de recherche sur soi, et qui avance pas à pas, prudemment, systématiquement, dans la reconstitution d'une histoire,  L'histoire de la honte , la mienne et celle de bien des personnes qui ont eu une trajectoire de vie semblable à celle que je raconte ici.  C'était nécessaire qu'un jour, j'écrive mon histoire, marquée lourdement par de multiples agressions sexuelles subies durant ma toute petite enfance, façonnée par le système familial et social qui s'organise autour de ça — l'aveuglement, le silence, le mépris, la mise en quarantaine de la victime qui se découvre extrêmement seule, au point d'imaginer, petit garçon, qu'il ne vaudra jamais la peine de qui ou de quoi que ce soit et qu'il ne lui reste qu'un seul de

SOURCES ET FIABILITÉ DU RÉCIT

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J’ai fait grande attention, tout au long de l’écriture de ce livre, de ne jamais abuser de celles et de ceux qui me liront, et qui doivent pouvoir me croire : c’est là l’angoisse essentielle que je ressens au moment de publier mon histoire. J’imagine que c’est toujours stressant de savoir qu’on sera lu, au moins un peu; ça l’est bien davantage quand on a tout dit d’une histoire de sexe, de violence, de honte et de multiples bizarreries qui pourraient, de prime abord, faire pitié, alors qu’on a tant besoin de solidarité.  Ce que j’ai raconté dans ce livre est vrai. D’où la question essentielle concernant la méthode que j’ai suivie, d’où la question de la qualité et de l’exactitude des sources que j’ai utilisées.  J’ai fait de la critique de sources, comme on apprend à en faire en histoire, quoique je ne disposais pas de la multiplicité de sources que les historiens exploitent maintenant. J’ai tout lu de mes notes, retenu des extraits sans les triturer, sans les modifier, tout en étant c

Épilogue - L'ENFANT SOUS LE LIT

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Quand, pour écrire ce « livre », je relisais mes notes, ces milliers de pages souvent manuscrites où je me recensais et m’analysais sans cesse, je suis tombé sur le récit d’une séance de psychanalyse que j’avais à l’époque longuement retranscrite, probablement immédiatement après la séance, et qui m’a particulièrement déconcerté, quand je l’ai relue trente ans plus tard. Je n’avais plus aucun souvenir de cette narration (ni de la séance comme telle d’ailleurs) et déjà ce détail était en lui-même assez signifiant... Jamais par la suite je n’en ai parlé avec qui que ce soit, pas même avec Thomas Lebeau. J’avais oublié. Ce que Peraldi m’a dit ce jour précis d’une séance exceptionnelle m’a stupéfait, ébranlé surtout, comme si ça remettait tout en question, que ça devait m’amener à revoir toute la compréhension que j’avais de mon histoire, voire même à la réécrire complètement. En me relisant, tout de cette séance cruciale m’est revenu. J’étais ce jour-là en rage contre moi-même et contre c

Histoire de la honte - Chapitre Onze - AMOURS

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Un jour, c’était en septembre 1992, j’avais été si violemment angoissé que j’avais appelé Peraldi alors que je n’avais pas de séance planifiée pour cette journée-là. Je lui ai dit que je voulais me rendre à l’urgence d’un hôpital. « Non, surtout pas, on ne sait jamais sur quel zigoto on va tomber dans ce genre d’endroit. » Il avait tenté de me rassurer. « Prenez un petit anxiolytique, ça va aller. » On a raccroché. Il m’a immédiatement rappelé : « Venez me voir, je vais vous recevoir exceptionnellement aujourd’hui même. » Je me suis retrouvé assis face à lui, lui me regardant avec une tendresse évidente, un peu d’amusement aussi, parce que je lui avais demandé, cherchant le mot exact, si j’avais l’air d’un crétin ! « Je sais que vous souffrez, que vous avez l’impression que cette souffrance est immense. Mais tout de même, savez-vous pourquoi vous ne vous êtes pas suicidé ? C’est que vous savez, plus ou moins consciemment, mais vous savez que ça ne va pas si mal que ça, que vous ave

Histoire de la honte - Chapitre Dix - ME TOO

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Mon frère est mort au moment où je terminais l’écriture de ce livre. Il m’avait écrit, deux ou trois semaines avant son décès, un bref courriel me disant que plusieurs cancers le rongeaient, que sa vie achevait, et qu’il allait demander l’aide médicale à mourir. Ce qui l’a tué, c’est le tabac, trop longtemps consommé. « Plusieurs cancers, indépendants les uns des autres, ce sont des cancers de fumeur, » m’a dit mon médecin.  Il y avait 30 ans, sinon davantage, que nous n’avions plus aucun contact. Ceux de l’an 2000 avaient été brefs, n’étaient liés qu’à la commémoration de la mort de notre mère. C’est dire la surprise, énorme, de recevoir un courriel de lui, et de lire un message aussi tragique. J’ai été bouleversé, j’ai pleuré. J’ai écrit à AS, qui connaît si bien mon histoire, que j’avais « l’impression que le monde s’écroulait. » J’ai répondu au courriel de mon frère, le soir même, en citant la première phrase du chapitre six de ce roman, lui apprenant donc que j’écrivais un livre